Eléments de synthèse
Au terme de cette première étude, nous sommes contraints d'admettre que les acquis sont encore partiels. En effet, les divers points abordés précédemment manquent encore de relation: en ce qui concerne l’inventaire du marchand faïencier de 1736, il faut en relativiser la portée. En effet, nous pouvons admettre, éventuellement, une spécialisation d'importation ... Toutefois cela souligne certains flux commerciaux vers le Limousin, à cette époque. De plus, les tessons récoltés sur le site même de l'ancienne manufacture Massié ne montrent, pour l'essentiel, que des pièces de rebut et les données sont plus que fragmentaires. La seule approche de la production technologique et artistique de cette fabrique aurait été une fouille archéologique, ce qui aurait permis de révéler les différents types de formes et de décors dans une échelle chronologique précise, sur une durée d'activité d'environ 45 ans.
En fait, même si les décors présentés ici peuvent nous aider à cerner cette faïence, la qualité de telle ou telle production est par trop dissemblable et les données trop lacunaires pour en définir actuellement des caractéristiques types précises.
Nous constatons que beaucoup de pièces en usage ont un émail blanc tirant sur le gris, plus ou moins craquelé, quelquefois tenant mal biscuit (mais ceci ne peut être admis comme règle générale).
Une autre tendance serait que la production de cette manufacture n'aurait porté que sur de la faïence grossière à bon marché. Force est de le constater sur plusieurs points : la pâte n'est pas très fine, les couleurs se résument à 100 % par du bleu de cobalt (le moins cher et tenant le mieux à la cuisson), un émail blanc stannifère de qualité médiocre remplacé souvent par un émail brun-noir à base de manganèse, encore moins cher. En effet, l'entreprise de Massié se trouve en concurrence entre les productions extérieures déjà bien établies et ayant une technique éprouvée et le début de la production de porcelaine à Limoges, ce qui en tout état de cause devait effacer à brève échéance une céramique devenue obsolète.
A l'heure actuelle, nous sommes presque confrontés aux mêmes problèmes d'identification que Camille Leymarie il y a près d'un siècle.
Faute d'une fouille archéologique près du four trouvé en 1957, des données capitales, et certainement irremplaçables, sont aujourd'hui manquantes.
Ainsi, afin de mieux cerner l'histoire et les implications socio-économiques attachés à cette production, il conviendrait désormais de préciser l'étude typologique des matériels appartenant aux collections privées, mais aussi espérer que de futures fouilles, peut-être sur le site de production lui-même, mais également sur des habitats urbains, soient réalisées et livrent des séries de références nouvelles à cette étude qui n'en est, encore aujourd'hui, qu'à ses débuts.