2015

 

 

 

 

 

Noailles - Lamouroux

2015

Moyen Âge

Marion LIBOUTET

Lamouroux fait partie d’un des nombreux sites troglo­dytiques du Bassin de Brive. Leur cartographie précise reste encore à établir et leur contexte à définir. De l’en-semble de ces sites, Lamouroux est, de loin, le plus vaste. La falaise de grès triassique (grès rouge) d’une longueur de 250 m pour une hauteur de 25 m dans lequel il a été façonné, compte 85 cellules de tailles et de formes variables (fig.1). Parmi elles, deux cellules, les n° 22 et n° 15, situées dans le secteur 2, présen­tent des vestiges d’enduit peint et de mortier pariétaux, très endommagés.

Une première étude avait été réalisée en 1999-2000, dans le cadre d’une maîtrise universitaire. Elle mettait l’accent sur les secteurs 1 et 3 et sur les sources ancien­nes. Les données livrées par ces dernières suggéraient une occupation dès les XIIe-XIIIe s. mais le mobilier datant récolté dans les structures en creux des sols ne permettait pas de remonter avant le XIVe s. Cependant, les cellules fouillées en 1999-2000 présentaient des comblements faibles, sans stratigraphie réelle.

L’opération de sondage de 2015 a été axée sur le groupe de cellules (20-21 et 22) au sein duquel se trouvent les vestiges d’enduit peint. L’objectif de l’opé-ration était double ; d’une part, procéder à l’étude de l’enduit peint de la cellule 22 (fig.2) en le comparant aux restes très partiels et endommagés de la cellule 15, témoin rare d’un décor sur ces sites très érodés ; d’autre part, réaliser un sondage afin d’obtenir une séquence stratigraphique si possible accompagnée de matériel datant et de fragments d’enduit détachés des parois.

L’opération dont l’étude de l’enduit peint (relevés et pré­lèvements) effectuée par Bénédicte Palazzo-Bertholon, s’est déroulée sur trois semaines. Deux sondages ont été ouverts : l’un de 4 m sur 1,5 m en avant des cellules 20 et 21 et dans l’espace de la C20, l’autre, de 1,70 m sur 1 m à l’angle nord-ouest de la cellule 21. Les niveaux supérieurs du premier sondage sont caractérisés par la présence des blocs d’effondrement du plafond rocheux survenu à la suite d’un violent orage en 1837. Une fois leur relevé effectué, ces blocs ont été cassés pour fouiller les niveaux inférieurs.

Le potentiel sédimentaire a pu être confirmé. Plusieurs phases de comblement et d’occupation ont pu être mises en évidence dans les deux sondages avant d’at-teindre le substrat rocheux (fig.3). Ce dernier a livré de nouvelles structures creusées. Toutefois, aucun fragment d’enduit peint n’a été découvert. Les deux sondages ont livré du matériel, surtout céramique, parmi lequel un seul élément datant a été identifié, dans l’US9010 du sondage 1. Il s’agit d’une anse de cruche avec glaçure brun/vert attribuable au XIVe s. Un tesson recouvert de glaçure brun/vert a également été découvert dans l’US9024 du sondage 2.

L’US9010 n’est cependant pas la plus ancienne. Elle recouvre l’US9011 qui a été retrouvée sur toute la surface au sol du Sondage 1Est. Ces deux couches comblent alternativement les creusements du sol rocheux. Localisés dans la cellule 20 et en avant de cette dernière, ils ont pu être attribués à l’une ou l’autre de ces phases, du moins en ce qui concerne leur comblement. Leur creusement peut, en effet, avoir été réalisé à la même époque. En prolongeant le raisonnement en 3 dimensions, car les cellules pré­sentent quantité de structures creusées dans leurs 5 ou 6 faces, il a été possible de mettre en corréla­tion les structures en creux découvertes en fouille avec les parois du plafond et des parois, surtout pour la cellule 20. Ainsi l’UC114 (au sol) dont le comble­ment correspond à la phase la plus ancienne fonc­tionne-t-elle avec l’UC161 (du plafond). Par ailleurs, la restitution des structures manquantes correspon­dant aux négatifs des parois révèle deux cloisons en pan de bois parallèles dans les cellules espacées chacune d’un peu plus d’un mètre environ (la question de leur contemporanéité reste entière). La paroi située au niveau de l’ouverture de la cellule correspond à l’état le plus ancien, mais la fouille n’a pas été menée jusqu’au niveau de la cloison arrière ce qui limite les conjectu­res sur la datation de cette dernière.

La cellule 22 était entièrement recouverte d’un enduit peint. La frise supérieure constituée de chevrons de couleurs jaune, rouge, rose et blanche, imitant les plis d’une tenture, encadrait vraisemblablement un décor principal dont il ne nous est rien parvenu (fig.2). Le plafond était recouvert de couleur rose sur lequel des formes géométriques, en jaune, était peintes. Un dessin du XIXe s. (collection du Musée Labenche-ville de Brive) montre que des carrés et losanges étaient encore lisibles à cette époque alors qu’ils ont totalement disparu aujourd’hui, à l’exception de résidus de couleur. Sa datation est cohérente avec celle du mobilier.

Les minces témoins de l’enduit peint de la cellule 15 correspondent à un décor de faux-joints (faux appa­reil peint que l’on retrouve fréquemment dans l’habitat civil et dans les églises au Moyen Âge). Toutes les parois de cette cellule présentent des rési­dus de mortier. La comparaison des enduits préle­vés à différents endroits des cellules 22 et cellule 15 n’a pas révélé de différence notable (matériaux locaux, mise en œuvre similaire) et ils appartiennent vraisemblablement à la même phase d’aménage-ment. Par ailleurs, le sol de la cellule 22 a subi un traitement à la chaux, tandis que le nettoyage d’une petite zone du sol de la cellule 15 a révélé une réelle couche de mortier conservée dans un angle que l’on peut rattacher à un niveau de sol. La cellule 21, sans aucune structure pariétale et qui présente les néga­tifs d’une cloison au niveau de son ouverture, a livré au fond du sondage 2 des restes infimes de chaux appliqués sur le sol. Quelques fragments de chaux ont également été trouvés dans une des US les plus anciennes du sondage 2.

Concernant les techniques de construction, des don­nées nouvelles ont donc été apportées. À celles déjà développées, il faut ajouter le pan de bois pour les cloisons dont il reste les négatifs. La restitution des parois de la cellule 20 mais aussi de la cellule 22, qui présente également deux parois parallèles, devrait apporter des données complémentaires. Des empo-chements localisés sur le rocher entre les ouvertures des cellules 22, 20 et 21 montrent que l’espace habité ne se limitait pas à l’espace interne des cellules mais témoignent d’une partie construite en avant de ces dernières. La question des limites des constructions est donc encore au cœur de la problématique, en plus de la fonction de ces espaces.

L’occupation de cette zone dès le XIVe s. est donc attestée. Le maigre matériel découvert renvoie à une occupation domestique sans qu’il soit possible d’en préciser davantage la substance. La cellule 22 cor­respond à un espace résidentiel d’un certain statut mais le caractère modeste de la mise en œuvre de l’enduit ne permet pas de l’attribuer à la résidence d’une élite. La piste du logis noble subordonné à la famille de Noailles n’est pas écartée mais l’opération de 2015 n’aura pas permis d’étayer cette hypothèse.

D’autres secteurs et bien d’autres cellules avec un potentiel sédimentaire, sans oublier le pied de la falaise, restent à étudier. Toutefois, l’effondrement qui s’est pro­duit fin décembre 2015, dans une zone à l’opposée de celle sondée, est de nature à suspendre, pour une durée indéterminée, les recherches sur le site.

 

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 2015

 

 

 

Château-Chervix - Prieuré de Chervix

2015

Moyen Âge

Patrice CONTE

De l’église Notre-Dame de Chervix, siège de l’ancienne paroisse de « Chervix-hors-Château » regroupée au XIXe s. avec la paroisse de « Chasteau-hors-Chervix » pour former désormais celle de Château-Chervix, il ne subsiste aujourd’hui que le vestige d’une éléva­tion masquée par une masse de lierre qui la rend illi­sible (mur ouest du bras du transept sud). En revanche, les sols conservent d’autres vestiges de cette impor­tante église du sud de la Haute-Vienne comme l’avait déjà démontré une série de sondages réalisée dans les années 1980 en proposant une première restitution du plan de l’édifice1. Les travaux d’aménagement liés à la réfection d’une petite maison bâtie sur une partie du site ont motivé, en 2015, la réalisation de deux sonda­ges sur l’emprise du système d’assainissement imposé aux propriétaires actuels.

Réalisée par une équipe de l’association ArchéA avec la collaboration de l’association « Les Amis de Château-Chervix », cette nouvelle campagne de son­dages a permis de confirmer, d’une part, l’existence de nombreux vestiges archéologiques fossiles et d’autre part de préciser les hypothèses des années 1980 concernant le plan initial de l’église/prieuré Notre-Dame, dépendance de l’abbaye Saint-Augustin-les-Limoges attestée au moins dès le début du XIIe s. par les sources écrites.

Le premier sondage, établi au bas du mur gouttereau sud-ouest de la maison (Sd.1; fig.1), s’inscrit entière­ment dans l’emprise du bras du transept nord, au contact de l’absidiole. La stratigraphie témoigne de la profondeur du décaissement réalisé pour fonder la maison au XIXe s. sur près de 2 m. Fort heureusement, le creusement a épargné les aménagements des sols médiéval ou moderne et l’on a ainsi pu dégager par­tiellement une maçonnerie étroite (0,5 m de large) contenant les vestiges d’un pavage se développant vers l’ouest. Le fait de ne pas disposer, dans l’emprise du sondage, des extrémités et contacts avec les murs du transept gêne grandement l’identification de cette construction qui manifestement définissait une parti­tion de l’espace du bras nord du transept à proximité de l’absidiole. On notera que ce muret de direction N/W-S/E prend place sur plusieurs couches, qu’il recoupe parfois ; il est donc probable que cet amé­nagement soit postérieur à l’époque médiévale, et qu’il ait été utilisé sur une durée assez longue, comme le confirmerait la découverte sur le sol pavé associé au muret d’un liard en cuivre (fin XVIIe s.-mi XVIIIe s.). Le mobilier archéologique recueilli dans les différen­tes couches de ce secteur témoigne également du caractère récent du creusement pour l’établissement des fondations de la maison (éléments métalliques dont une faucille, assiettes en faïence...) mais a livré toutefois plusieurs éléments médiévaux d’architec-ture : base polychrome et deux éléments de colon­nette en calcaire, qui devaient être associées dans une baie du transept, et quelques restes osseux humains appartenant au moins à deux sépultures bou­leversées par le muret d’époque moderne.

Un second sondage (Sd3, fig.1), mené de l’autre côté du mur de la maison, dans une partie de sa cave actuelle, a permis de repérer un nouveau mur, gros­sièrement parallèle à celui présent dans le sondage précédent et deux nouvelles sépultures. La plus récente (datée de la période moderne), fossilisée par le mur, recoupe partiellement une inhumation asso­ciée à des charbons de bois et un tesson médiéval (fig.2). Ce sondage a été accompagné d’un relevé des différentes architectures conservées dans la cave, entièrement aménagée dans l’absidiole nord du tran­sept de l’église. On a ainsi pu documenter et cartogra­phier son parement interne qui a conservé quelques traces d’un enduit peint et la base d’une feuillure d’un placard mural (ou d’une baie condamnée). Dans l’autre partie de la cave actuelle, une base du contrefort d’an-gle entre absidiole et transept a été localisée, conser­vée sur un rang en élévation sur une assise débordante en fondation. Dans le même secteur, un important mas­sif de maçonnerie aveugle occupe près d’un quart de l’espace de la cave. L’analyse montre qu’il s’agit d’une construction ancienne, mais distincte de celles de l’église, il pourrait s’agir d’une maçonnerie associée à un édifice du prieuré dont il ne reste aujourd’hui aucun vestige visible mis à part, peut-être, quelques éléments dans une grange située au nord-ouest de la maison.

Enfin, un dernier sondage (SD2, fig.1) a été ouvert à une trentaine de mètres au sud-ouest de cette grange sur une superficie d’une vingtaine de mètres carrés, à l’emplacement de la future fosse d’épandage. Avec une largeur à la base de près de 2 m, le segment de mur découvert dans ce sondage est identifié comme appartenant au mur gouttereau nord de la nef de l’église dont on a également repéré le sol intérieur pavé (fig.3). Le dégagement de la maçonnerie sur quel­ques mètres de longueur témoigne également d’une reprise de la construction qui a eu pour effet de réduire considérablement l’épaisseur initiale du mur de la nef à une date indéterminée. À l’extérieur de l’église, au nord-ouest, le décapage, bien que d’emprise réduite, a cependant livré plusieurs restes de sépultures en pleine terre en très mauvais état de conservation et l’extrémité d’une sépulture creusée dans le rocher contenant plusieurs ossements reposant également sur un lit de charbons de bois (ou une planche). Une datation 14C livre une valeur comprise entre 979 et 1147, avec un maximum de probabilité (88,5%) entre 979 et 1045. Au sud-ouest, un petit fossé au profil en V, creusé dans le substrat, peu profond et parallèle à la nef semble limiter cette aire d’inhumation.

La datation obtenue dans ce dernier sondage, qu’il-lustrent également les quelques fragments céra­miques recueillis dans le fossé, s’accorde assez bien aux données chronologiques fournies par les sources écrites (cartulaire d’Aureil) évoquant une création précoce, fort probablement antérieure au début du XIIe s.

Au final, cette petite opération a permis de renou­veler et de confirmer en les précisant les hypothè­ses premières sur le plan de l’église, d’alimenter la discussion sur sa chronologie et de témoigner de la conservation de nombreux vestiges encore fossilisés dans le sol. Regrettons juste en passant qu’il ne soit pas possible, en l’état actuel, de mener une fouille plus importante de cet édifice dont l’ori-gine n’est certainement pas étrangère à l’existence de la vicaria carvicense que les recherches les plus récentes (J.-Fr. Boyer) situent sur le territoire de l’actuelle Château-Chervix.

1- PRIOT J.F. 1995 - « Aux origines de Château-Chervix ; (Haute-Vienne) ». Travaux d’Archéologie Limousine, t.15, p.61-79

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 Fig. 2 Sondage 3 : absidiole nord (cave de la maison actuelle). Le muret s’appuie contre le mur de l’absidiole et recoupe la sépulture située à gauche du sondage qui elle-même a en partie détruit une sépulture plus ancienne sur charbons de bois. (photo P. Conte) Fig. 3 Sondage 2 : mur gouttereau de la nef. A la base du sondage profond (mire de 0,25m) : le dallage en pierre (mire sup:0,50m). (photo P. Conte) 

 

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Fig.1 Plan du site. A : sondages 2015 ; B : sondages Priot (1987-1988) ; C : maçonneries anciennes attestées (église) ; D : maçonnerie ancienne indéterminée ; E : proposition de restitution ; F : maison Lemoine ; G : limites parcellaires, murs contemporains. (dessin : L. Leroux (ArchéA) à partir de la topographie 2015 (J. Lachaud, AMCC), des données de 1987/1988 et des données d’archives et iconographiques.)

 

 

 

2015

 

 

 

 

 

 Compreignac - Montaugut le Noir

2015

Moyen Âge - Moderne

Yann GIRY

 

Situé à l’extrémité sud de la commune de Compreignac, le prieuré de Montaigut est un monastère religieux féminin bénédictin, probablement implanté au cours du XIIe s.

Entre 1968 et 1971, plusieurs campagnes de fouilles archéologiques ont été menées successivement sous la responsabilité de MM. Monassier et Frugier (asso­ciation Les Amis de Compreignac) puis René Juge (Touring-Club de France). Ces différentes interven­tions se sont principalement concentrées sur le déga­gement partiel de la partie orientale de l’église de cette structure religieuse. Ces opérations avaient également permis de mettre en évidence la présence d’une fontaine et d’un bassin attenants à l’église. À l’issue de ces interventions, ce site fut abandonné favorisant ainsi le développement de la végétation et impactant la conservation des vestiges. En 2012, pour donner suite aux différentes prospections dia­chroniques effectuées sur le territoire de cette com­mune entre 2007 et 2011, René Juge communiqua à l’association ArchéA un rapport présentant les comptes-rendus journaliers des travaux menés entre 1970 et 1971, motivant ainsi le projet d’étude com­plémentaire de ce prieuré.

L’objectif principal de cette opération de sondage visait à documenter les vestiges initialement mis au jour en limitant l’impact de cette intervention sur les niveaux archéologiques ainsi que sur les structures visibles de cette église prieurale. Ainsi, plusieurs son­dages ont permis la redécouverte des portions iden­tifiées des murs gouttereaux (fig. 1 et 2) ainsi que le parement interne du mur du chevet. La faible puis­sance stratigraphique au-dessus des élévations cor­respond aux déblais des fouilles anciennes.

Un sondage a été également effectué dans le chemin permettant l’accès à la fontaine. Celui-ci avait comme objectif de remettre au jour son pavage et d’identifier les relations architecturales avec les murs parcellai­res le bordant. Ainsi, la fouille de cette faible portion (inférieur à 5 m2) a permis de confirmer la contempo-ranéité de ces trois structures et de les associer à la période moderne.

Une dernière zone a pu être traitée lors de cette opé­ration. Située au nord-est du chevet de l’église, il s’agit d’une fosse creusée par le propriétaire lors de travaux d’assainissement en 2012. D’une surface avoisinant les 20 m2 pour une profondeur maximale de 2,10 m, l’étude de ces parois a permis de mettre en évidence la présence d’une structure fossoyée aux dimensions irrégulières aménagée dans le substrat. Plusieurs niveaux d’occupation ont pu être identifiés livrant du mobilier céramique dont la typologie permet de contex-tualiser cette structure autour du XIVe et XVe s.

En parallèle de cette phase de terrain, une étude docu­mentaire a été amorcée par Simone Pouret dont les premiers résultats permettent d’associer ce prieuré dès 1188 à l’abbaye de Ligueux (Dordogne). Même si les sources archivistiques relatives au prieuré restent pauvres, il semblerait qu’après son abandon par les religieuses, la chapelle soit restée en fonction jusqu’en 1719 comme l’atteste un procès verbal faisant état de l’avancement de sa dégradation.

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Fig. 1 Mur gouttereau nord de l’église du prieuré de Montaigut en cours de nettoyage. Cliché : Yann Giry ArchéA 2015

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Fig. 2 Élévation du mur gouttereau nord de l’église du prieuré de Montaigut. Relevé : Anna Jeannel et Yann Giry, DAO Yann Giry ArchéA 2015

 

 

 

2015

 

 

 

 

 

Janailhac - Eglise

2015

Moyen Âge

Bernard JOUANNY - Laure LEROUX

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Fig. 1 Église Saint-Eutrope de Janailhac : plan et localisation du sondage d’octobre 2015 – Topographie B. Hollemaërt ; D.A.O. L. Leroux

 

En 2010, la réfection de l’église de Janailhac et son suivi archéologique par l’association ArchéA avaient donné lieu à des observations inédites concernant l’architecture de cette église, dévoilant notamment les vestiges d’un ancien chevet sous les reconstruc­tions de la fin du Moyen Âge (BSR 2010, Conte, p. 61-63). L’intervention de l’association en octobre 2015 lui fait suite puisqu’elle concernait les abords de l’église (fig. 1), profitant de la mise en place d’une cuve de gaz pour ouvrir une fenêtre d’observation archéologique à moins d’un mètre des élévations de l’édifice. Malgré les dimensions réduites de cette excavation, 2 x 3 m, et les limites inhérentes à ce type d’opération, le sondage a livré une demi-dou­zaine de structures, associées à deux phases dis­tinctes d’une occupation médiévale. La plus ancienne consiste en une zone d’ensilage relativement dense, comprenant cinq fosses apparentées à des silos, creusés dans le substrat géologique (fig. 2 et fig. 3). Le recoupement d’un de ces silos par un autre laisse présumer d’au moins deux séquences de fonction­nement. Aucun indice ne renseigne le contenu de ces dispositifs de stockage.

Dans un second temps, les silos sont remblayés et le niveau de sol excavé. D’après les tessons pris dans les comblements, ces modifications interviennent au cours de la période médiévale. L’abandon de cette zone d’ensilage parait directement attribuable à l’implantation d’un bâtiment, dont subsistait au moins un mur, perpendiculaire à l’église actuelle, bien que la connexion à l’édifice n’ait pu être établie. Il n’en subsistait que les fondations et les premières assi­ses, caractérisée par un parement aux assises irré­gulières, de 66 cm de largeur. Une autre structure maçonnée se découvrait dans la coupe en vis-à-vis : obstruant l’emplacement d’un silo, conservée sur deux assises à peine, elle évoque un possible sup­port de refend.

Vient ensuite l’abandon de cet espace construit, que dénote l’arasement du mur. Il faut toutefois signaler, dans les remblais scellant l’ensemble, quelques tes­sons protohistoriques et antiques associés aux céra­miques médiévales : si leur provenance exacte n’est pas connue, elle ne doit guère être éloignée du dépôt et inspire de fortes présomptions concernant une occupation ancienne des lieux. Il est également à sou­ligner l’inexistence d’indices concernant une activité funéraire dans cette zone, y compris après l’abandon de la structure bâtie, et cette absence reste étonnante au regard de la proximité du lieu de culte. Cette modeste opération révèle donc un potentiel inattendu, tant en ce qui concerne la genèse de ce bourg que des problématiques toujours vivaces concernant l’environnement des églises médiévales.

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Fig. 2 Sondage octobre 2015 : plan des structures découvertes – D.A.O. L. Leroux

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Fig. 3 Vue du sondage : au premier plan, les silos ; à l’arrière-plan le mur correspondant à la seconde séquence d’occupation. Photo : P. Conte