Saint-Jean-Ligoure - Châlucet (Bas-Châlucet)
2000
Moyen Age et Moderne
Patrice CONTE
Les recherches 2000 concernant le bas castrum de Châlucet se sont développées autour de trois zones. La première concerne l'enceinte, la seconde porte sur l'extension de la fouille de l'agglomération castrale. La troisième zone correspond à un nouveau secteur, limité en superficie situé à mi-chemin entre la confluence des rivières Briance et Ligoure et la tour Jeannette.
Fragment de col de cruche à décor anthropomorphe (Bas Moyen Age) (cl. P. Conte)
Le tracé de l'enceinte
Un sondage a été réalisé à l'angle nord-est du mur nord de l'enceinte qui barre transversalement l'éperon de confluence. A cet endroit, un important cône de remblais pouvait suggérer la présence d'une tour flanquant l'angle de l'enceinte. La fouille a permis d'infirmer cette hypothèse en révélant simplement un raccordement entre les murs nord et est par un angle chaîné. La fouille puis le suivi archéologique des travaux de cristallisation, réalisés par l'entreprise Blanchon, ont toutefois permis d'effectuer un certain nombre d'autres observations. A l'extérieur, au nord, on remarque que l'enceinte s'appuie soit directement sur le substrat, soit est fondée, au niveau de l'angle nord-est, dans une entaille du rocher. Le profil du substrat formant à cet endroit l'un des flancs du fossé qui complète la défense dans ce secteur.
Sur la face interne de l'enceinte, plusieurs aménagements (reprises de maçonnerie, corniche, bases d'ouvertures...) suggèrent d'une part la présence de constructions appuyées contre le parement interne du rempart et d'autre part une élaboration en plusieurs phases. Toutefois, l'absence de critères de datation ne permet pas, pour l'instant, de situer en chronologie absolue une construction qui semble bien procéder d'agrandissements successifs.
L'agglomération
La fouille 2000 a permis la découverte et la fouille partielle de deux nouveaux bâtiments (III et IV) et d'un nouvel ensemble souterrain, portant ainsi à deux le nombre des monuments de ce type sur le site. Le bâtiment III est situé à l'est du bâtiment II dont il est mitoyen (B.S.R., 1999, p. 48). C'est une vaste construction quadrangulaire presque rectangulaire de 47 m2 de superficie interne. Son organisation interne ne nous est pas encore connue, le bâtiment, dont les niveaux de sol sont enfouis entre 1,50 et 2,50 m de profondeur sous la couche d'effondrement, n'étant qu'incomplètement fouillé au terme de la campagne 2000. Deux informations sont cependant à noter : le bâtiment III est antérieur au bâtiment II et ne fait pas corps avec l'enceinte côté Ligoure, ce qui est le cas de la maison-tour située au sud (Bât.l, B.S.R. 1998 et 1999). La fouille a montré, au contraire, que l'espace situé à l'ouest du bâtiment III, correspondait à une zone de circulation et de distribution des différentes constructions du secteur. Une aire de passage aménagée en terrasse contre le bâtiment remplit cette fonction. On a également repéré et en partie fouillé une zone de dépotoir domestique entre le bâtiment et le parement interne de l'enceinte.
Plus au nord c'est un nouveau bâtiment qui a été repéré. Son architecture et son orientation le distinguent des autres constructions du secteur : il est équipé de deux contreforts plats sur chaque face et possède des murs un peu plus épais que les autres constructions étudiées jusqu'ici. Cette configuration le rapproche d'autres constructions à contreforts repérées sur le site. L'architecture découverte évoque celle d'une "maison-tour". La fouille d'un quart de sa surface a permis de situer l'une de ses ouvertures, au nord. Celle-ci est comblée et recouverte par un muret en pierre sèche, probable limite parcellaire moderne qui se surimpose au mur nord de l'édifice. Un niveau de sol riche en mobilier archéologique dont la fouille sera poursuivie en 2001 a également été mis au jour à l'intérieur de la construction.
C'est à l'extérieur, près de l'angle sud-est de ce bâtiment, qu'un nouvel ensemble souterrain a été découvert. II se compose de deux cellules séparées par un passage sous arc. Cet ensemble laisse une plus grande part aux architectures bâties que dans le cas de la cavité découverte sous le bâtiment I. Son plan et sa disposition diffèrent également de l'ensemble précédent, témoignant ainsi de la diversité de l'architecture des espaces souterrains dévolus au stockage sur le site.
Un nouveau secteur d'habitat ?
A une centaine de mètres au nord du village castral, en bordure du chemin qui traverse tout le site du nord au sud, la présence d'une maçonnerie ruinée suggérait l'existence de structures enfouies. Un sondage a donc été réalisé afin de préciser le type de vestiges présents dans ce secteur isolé.
La fouille a permis de distinguer deux phases d'aménagement. La plus récente, d'époque moderne, comprend un four domestique et son fournil ainsi probablement qu'un niveau de recharge mis au jour sur le chemin. Ces structures sont à mettre en relation avec les ruines d'un bâtiment dont quelques élévations sont encore bien conservées de l'autre côté du chemin.
La phase d'occupation la plus ancienne correspond à un ensemble de structures bâties médiévales situées en partie sous les vestiges d'époque moderne. Un mur de 1,50 m de large occupe le centre du sondage, son extrémité orientale a fait l'objet d'une récupération, il devait certainement se poursuivre vers l'est, au niveau du chemin. On remarquera que sa largeur évoque celle des murs de courtine de l'enceinte du bas castrum. De part et d'autre de cette forte maçonnerie, se trouvent les autres vestiges médiévaux. Au nord, un passage large de 1,70 m est pavé, il distribue, vers l'ouest une porte dont subsistent, en limite de fouille, deux bases des piédroits correspondant probablement à l'entrée d'un bâtiment. C'est sur la destruction du mur nord de ce passage qu'a été édifié le four à l'époque moderne. Au sud, deux murs dessinent l'angle d'un bâtiment. Deux autres murets s'appuient contre cet angle, le long du parement méridional de l'épais mur central. La présence de plusieurs conduites aménagées dans ces murs, parfois reliées entre elles, est une caractéristique des maçonneries découvertes dans ce secteur. La fonction de ces aménagements, l'hypothèse d'un nouvel ensemble de bâtiments que suggèrent les résultats de cette première reconnaissance encouragent à poursuivre les investigations lors de la prochaine campagne de fouilles. Ces découvertes inédites sont d'autant plus intéressantes qu'aucun texte ne suggère jusqu'ici la présence d'un autre pôle d'occupation médiévale dans cette partie du site.
Châlucet interventions archéologiques 2000
1 suivi des travaux MH (murs G1, G2, H1) 2, 3, 4 fouille programmée (Châlucet bas)
La Préhistoire récente dans les monts de Châlus : Implantation des Habitats néolithiques
2000
Prospection thématique
Thomas PERRIN
Plusieurs opérations de prospections inventaires menées il y a quelques années avaient pu démontrer la richesse archéologique de quelques communes du sud-ouest de la Haute-Vienne. II nous a alors paru utile de mettre en place une opération chronologiquement plus ciblée tout en considérant un secteur géographique élargi. La problématique sous-jacente à cette prospection est d'essayer de préciser le cadre chronoculturel de la Préhistoire récente en Limousin. Celui-ci recouvre la zone dénommée monts de Châlus. Elle est constituée d'une série de plateaux dédiés essentiellement à la pâture et de collines au couvert forestier développé. Celles-ci forment le point culminant de la région étudiée (553 m).
La réalisation d'un inventaire critique des sites par le biais de dépouillements bibliographiques, de discussion avec les amateurs locaux et surtout de la consultation de la Carte Archéologique a permis de recenser 160 gisements répartis sur 29 communes. Parmi eux, 64 sont des objets isolés de leur contexte (haches polies notamment) dont l'intérêt dans notre problématique reste très faible.
Parmi les autres gisements, plusieurs périodes sont représentées. Le Sauveterrien est la culture la mieux représentée pour le Mésolithique avec une demi-douzaine de gisements. On trouve également un indice de Mésolithique récent / final.
Quelques armatures de flèches suggèrent aussi la présence du Néolithique récent, mais qui reste encore très peu documenté pour l'instant.
La très grande majorité des gisements se rattachent au Néolithique final. Ils sont de nature et d'importance variée. L'examen de leur distribution géographique semble montrer l'existence d'une structuration territoriale marquée à cette époque. Cependant, les opérations de prospection permettent difficilement de maîtriser les problèmes de chronologie relative (et par conséquence absolue) de ces gisements. Tous les sites attribués au Néolithique final ne sont pas contemporains, et seules des opérations complémentaires (notamment des sondages) pourront permettre d'aller plus loin dans cette recherche.
En définitive, cette prospection thématique a permis de montrer le grand potentiel de ce secteur, non seulement dans l'établissement d'un cadre chronoculturel, mais aussi probablement dans l'approche de l'organisation territoriale des sociétés préhistoriques.
Soudaine-Lavinadière - Prieuré et église
2000
Moyen Age et Moderne
Patrice CONTE
L'intervention menée dans la parcelle contiguë à l'église de Lavinadière avait un double objectif : d'une part, compléter les premières données acquises en 1995 lors d'une opération d'urgence menée suite à l'aménagement d'un drain contre l'édifice (voir BSR,1995, p. 15), d'autre part permettre l'interprétation, en termes archéologiques, de la prospection géophysique réalisée par F Martinaud et F Madani (Université de Bordeaux I) en 1999. A terme, il s'agissait donc, grâce aux données géophysiques et archéologiques, de valider l'hypothèse de la présence d'un ensemble de structures associées à l'habitat prioral de la Commanderie de l'ordre du Saint Sépulcre attesté par les sources écrites à Lavinadière dès le XIIIe s.
Ainsi, en concertation avec les géophysiciens, une série de 10 sondages a été réalisée. Trois d'entre eux (1, 6 et 7) se sont avérés peu intéressants d'un point de vue archéologique ne nous renseignant que sur des aspects géologiques. Tous les autres ont livré des structures archéologiques de divers types : murs, creusements linéaires, concentration de mobilier (scories).
Si le sondage 2 n'a pas permis de repérer de structures en place, il a toutefois livré un important remblai de pierres pouvant correspondre soit au comblement d'une très vaste et profonde structure creusée soit à une volonté de modifier par remblai le profil topographique initial de la parcelle dans ce secteur. Dans les sondages 3, 5 et 9 apparaissent des segments de structures creusées linéaires. Peu marquée dans le sondage 5, une sorte de fossé de direction nord-sud traverse diagonalement la fouille. Les sondages 3 et 9 livrent des structures comparables dont un seul côté, délimité par un agencement de pierres, a été repéré par la fouille. L'orientation de chaque segment pourrait évoquer ici une seule et même structure (fossé ?) de direction sud-est/nord-ouest.
La réalisation des sondages 4, 8 et 10, groupés au nord de l'église a partiellement mis au jour des vestiges maçonnés. Deux angles de murs apparaissent latéralement au centre du sondage 4 où l'on a également remarqué deux fortes concentrations de scories métalliques de diverses tailles associées à des niveaux très charbonneux évoquant la proximité ( ?) d'un atelier métallurgique.
L'angle d'un bâtiment a été découvert dans le sondage 8. On peut noter la récupération partielle et ancienne d'une partie de la construction (chaîne d'angle) et la présence de plusieurs autres structures creusées ou bâties. Dans le dernier cas on remarque la présence de maçonneries, bâties à l'argile correspondant à un état chronologique plus récent. Un tel constat avait déjà été effectué en 1995 à l'angle nord-est de l'église où une construction circulaire interprétée comme étant un four domestique se superposait aux murs de bâtiments antérieurs.
Une nouvelle construction a été mise en évidence dans le sondage 10, réalisé parallèlement au mur nord de l'église. II s'agit d'un seuil de porte et de l'extrémité d'un mur en appareil régulier, proche de celui employé pour la construction de l'église, à la différence des autres constructions précédemment étudiées formées d'assemblages irréguliers de moellons de tout-venant.
L'ampleur, nécessairement limitée des sondages réalisés en 2000, ne permet pas de définir strictement le type de bâtiments repérés, en revanche il est désormais acquis que le vaste tertre aplati se développant au nord de l'église recèle d'assez nombreux vestiges de construction et d'aménagements que l'on doit mettre en relation avec ceux du prieuré qu'une visite de 1654 décrit comme étant déjà en ruines.
Enfin, une série de relevés d'élévations de l'église (topographie : R. Bernard, Afan) a été réalisée afin de compléter la documentation architecturale de l'édifice.