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2014

 

 

 

 

 

 

 Louignac – La Reynie

2014

Moyen Âge

Julie DUPONCHEL

Cette nouvelle campagne de sondages se place dans la continuité des recherches menées en 2013. Certains aspects de la problématique qui avait alors été définie méritaient en effet d’être approfondis. Par ailleurs, de nouveaux questionnements étaient apparus à l’issue des premiers sondages.

Ainsi, la nature du site (carrière de sarcophages et/ou nécropole à tombes rupestres ou semi-rupestres) posait encore question. La perspective éventuelle d’étudier une carrière de sarcophage, site inédit dans la région, ame­nait également de nouvelles problématiques, telles que l’organisation d’un chantier, la vie des carriers sur place et les méthodes de taille du grès, thématique encore peu abordée. Enfin, la période d’occupation du site, qui avait été établie entre les VIe et VIIIe s., à partir de l’étude typo­logique des cuves, nécessitait d’être confirmée.

Les sondages se sont déroulés en deux sessions, en juillet et septembre, et ont porté sur cinq zones. Aucune nouvelle cuve n’a été mise au jour lors de cette cam­pagne. Ainsi, les sondages 01B et 01C, ouverts dans le prolongement du sondage 01, qui avait livré trois cuves en 2013, ont permis de mettre au jour le subs­trat, constitué de plusieurs bancs de grès. À noter la présence d’une encoche taillée sur le flanc de l’un des blocs de grès.

L’élément le plus intéressant est la mise au jour d’une zone d’extraction d’un bloc de grès de grandes dimen­sions (2,17 m de long sur 0,75 m de large), dans le son­dage 06 (fig. 1). De nombreuses traces d’outils ont été observées et relevées sur les parois latérales et sur le sol de cette zone (fig. 2). Elles devraient permettre, à l’issue de l’étude, de déterminer les méthodes de taille et d’extraction du bloc. Quant à la destination de celui-ci, pour la construction ou comme sarcophage, ainsi que sa datation (est-il contemporain des cuves ?), l’étude à venir devrait permettre d’en savoir plus.

A l’issue de ces nouveaux sondages, la fonction du site pose encore problème. Un usage double comme nécropole et carrière (de sarcophages ou de pierres de taille) n’est pas à exclure, de manière concomitante ou non. La proximité des hameaux de La Reynie et de Vars pourrait en effet avoir conduit à l’ouverture d’une carrière de pierre.

Louignac

 Fig. 1 : zone d’extraction, sondage 6. Cl. J. Duponchel                Fig. 2 : traces d’outils et encoches sur la zone d’extraction, sondage 06. Cl. J. Duponchel 

 

 

 

2014

 

 

 

 

 

 Uzerche – Les Hérédies

2014

Moyen Âge – Moderne

Laure LEROUX

En 2012, l’association Res Uzercha entreprend l’aménagement d’un jardin collectif sur une vaste parcelle en bord de Vézère, mise à disposition par la munici­palité, une cinquantaine de mètres en contrebas de l’abbaye. Décidant de mettre à profit le mur de ter­rasse existant, ils le dégagent de la végétation et constatent alors la présence d’un ruissellement, lié à la présence d’une source. Poursuivant la mise en valeur de la terrasse, ils mettent au jour un vaste bas­sin, insoupçonné jusqu’alors. Ils en déblayent les abords vers l’amont et révèlent ainsi les vestiges d’un large canal bâti donnant directement dans le bassin.

Face à l’ampleur de ces découvertes, le SRA a choisi d’inscrire l’initiative de l’association dans une démar­che scientifique, afin de comprendre la fonction de cet ensemble et sa chronologie. Les archéologues bénévoles de l’association ArchéA et les volontaires de Res Uzercha se sont donc associés pour entre­prendre plusieurs sondages dans le prolongement des vestiges précédemment mis au jour afin de documen­ter ces derniers.

Au terme de cette campagne de fouilles, le bassin a été daté, le canal bâti a été dégagé sur plus de dix mètres de longueur dans l’escarpement et une petite fontaine a été mise au jour en amont (fig. 1). Cette der­nière constitue le vestige le plus ancien découvert par la fouille. De facture rudimentaire, elle a été édifiée afin de capter l’une des nombreuses sources engen­drées par l’imperméabilité du substrat géologique métamorphique. La fouille de son comblement a livré un mobilier extrêmement fragmenté de tessons, et de petite faune. Si aucun artefact ne permet d’en déter­miner la fonction, les informations délivrées par l’étude céramique n’ont pas manqué d’étonner puisqu’elle relève a priori de datations précoces. Si la présence de quelques tessons de l’âge du Fer peut être consi­dérée comme résiduelle, l’essentiel de la céramique est relatif à des productions gallo-romaines, voire du haut Moyen Âge. D’après l’homogénéité de ce com­blement et la fouille menée autour de la structure, cette fontaine a probablement été enfouie au cours du haut Moyen Âge, donnée qui justifie sans doute son rela­tif état de conservation. Sa faiblesse structurelle, ainsi que le débit permanent de la fontaine et des sources alentours n’autorisaient pas cependant d’investigations trop approfondies, sinon à risquer l’effondrement du bâti (fig. 2).

Le dispositif de bassin et canal empierré s’avère net­tement plus récent. Dans la chronologie des construc­tions, il semblerait que le mur bordant la terrasse sur près de cinquante mètres ait été le premier aména­gement du secteur, probablement en vue d’une mise en culture. Il a été bâti à partir de l’extraction directe de la roche, dont les bancs sont encore visibles. Lié en terre, il se signale toutefois par sa qualité d’exécution.

Les sources traversant la parcelle ont sans doute été repérées au cours du chantier de construction du mur de soutènement. La réalisation du canal et du bassin n’intervient que dans un second temps et en plusieurs étapes. Un premier caniveau, d’environ 10 à 15 cm de largeur est d’abord bâti dans la pente. Il est possible qu’il s’agisse d’un prototype de canal ou d’un aménagement temporaire puisqu’il ne sem­ble pas avoir fonctionné. Il est ensuite intégré à un revers pavé nettement plus ample, à fil d’eau cen­tral, s’achevant sur un exutoire, intégré au rebord d’un second mur de terrasse (fig. 3). L’exutoire se déverse dans un large bassin en contrebas, adossé à ce mur. De plus d’1,50 m de hauteur, ce bassin comprend deux évacuations, qui devaient s’écou-ler sur un dallage au pied du bassin. Les sondages effectués de part et d’autre du bassin ont permis la découverte d’un liard daté de 1694, pris dans la stratigraphie de construction et datant l’ensemble de ces aménagements de la première moitié du XVIIIe s. En revanche, la fonction exacte du bassin demeure insaisissable : la seule spécificité du mobi­lier collecté consiste en une forte concentration de mandibules animales mais plutôt localisée dans le dépôt à l’intérieur du bassin. Il est possible que ce bassin ait servi à l’équarrissage d’animaux mais les indices demeurent trop ténus pour l’assurer avec certitude (fig. 4).

L’ensemble du dispositif et sa qualité d’exécution laissent penser que cette réalisation est due à l’abbaye d’Uzerche, probablement propriétaire des parcelles orientales de l’éperon, les préservant ainsi de l’urbanisation.

Heredies01

Fig. 2 : vue de la fontaine antique ou alto médiévale. Cl. L. Leroux  Fig. 3 : vue du revers pavé depuis l’exutoire. Cl. L. Leroux 

Heredies02

 

 Fig.1 : plan général des structures découvertes. Topographie P. Conte, D.A.O. L. Leroux et Res Uzercha

 

 

2014

 

 

 

 

 

 Saint-Jean-Ligoure – Châlucet – maison d’accueil

2014

Moyen Âge

Patrice CONTE

L’opération de sondage menée en janvier 2014 concer­nait l’implantation d’un nouveau réseau sanitaire de la maison d’accueil du site de Châlucet. Réalisée dans une zone jugée a priori peu occupée, la fouille a, tout au contraire, démontré que cette zone recelait des vestiges non visibles avant fouille et donc constituait un potentiel archéologique certain pour de futures recherches. Si la partie explorée au contact même de la maison d’accueil n’a pas apporté d’informations nouvelles pour un bâtiment considéré comme d’ori-gine médiévale mais ayant subi d’importantes trans­formations récentes, la fouille menée à l’opposé, une vingtaine de mètres plus au sud, a révélé, malgré l’étroitesse de la zone étudiée, à la fois la présence de maçonneries, mais aussi celle d’une stratigraphie et la présence de plusieurs catégories de mobiliers archéologiques.

Deux segments de murs, d’orientation et de largeur différentes suggèrent l’emplacement d’un bâtiment dont ils ne constituent qu’une petite partie de son côté nord, le reste de l’édifice se développant dans les trois autres directions. Fossilisés sur environ 1,5 m de haut, ils affleurent presque en surface. L’absence de fon­dation montre que ces murs ont été édifiés à partir du substrat, fortement déclive d’ouest en est, c’est à dire vers la rivière Briance qui n’est distante de la fouille que de 20 m à l’est. L’aménagement du rocher n’a d’ailleurs été que très partiel : il conserve son irrégu­larité et son pendage et parfois subsiste même en élé­vation et il y a fort à parier que le mur Mr. 02 s’appuie partiellement contre lui. Mr.01, moins large et non chaîné au précédent correspondrait à un refend interne de l’édifice dont l’emprise hors-œuvre pourrait attein­dre au maximum une centaine de m2, ce qui en ferait un édifice de taille importante si on la compare à la moyenne des maisons et autres édifices du bas cas-trum. L’observation des discrets micro-reliefs au sud de la zone fouillée permettant de supposer que le mur du côté opposé est situé environ une dizaine de mètres au sud.

La stratigraphie mise en évidence au cours de cette opération a pu faire l’objet de deux relevés. Loin de se limiter à un simple remblai d’écroulement le com­blement intérieur témoigne au contraire de plusieurs phases certes difficilement analysables vu l’étroitesse du sondage mais révélant plusieurs événements ou étapes différents. Une première séquence marque la phase de construction puis le début de l’occupation par un apport volontaire de sédiment sableux et de petites pierres, probablement destiné à rattraper les irrégularités du socle géologique. Une seconde phase est matérialisée par deux couches en partie voisines dans leur composition mais qui intègrent chacune des matériaux de couverture différents : tuiles canal pour la plus ancienne, lauzes pour la plus récente. Si cette dernière couche traduit le moment de l’abandon de l’édifice, probablement à la suite de son incendie, on s’interroge sur l’origine de la précédente : reliquat de la destruction d’une toiture antérieure couverte en tuile ou remblai volontaire utilisant une couche de destruc-tion/démolition extérieure au bâtiment ? Une chose est certaine, il ne s’agit pas d’une toiture initialement mixte, les deux couches étant stratigraphiquement bien distinctes.

Le mobilier issu du sondage reste qualitativement modeste, surtout si l’on ne considère que les éléments pouvant servir d’indicateurs chronologiques. Toutefois, les rares fragments de rebords de céramique évo­quent la période XIIIe-XVe s. avec une probabilité plus grande pour les XIVe-XVe s.

La découverte de nombreux fragments de tuiles, bien qu’incomplètes, permet d’approcher de manière sérielle les modes de couverture du site et complète en cela les observations réalisées sur la fouille pro­grammée du bas castrum entre 1999 et 2008. Il en est de même pour le second type de couverture fait de lauzes en roches métamorphiques pour lesquelles on a pu identifier plusieurs exemplaires complets et mesu­rables. Relativement courtes (entre 27 et 30 cm) et épaisses de plusieurs centimètres, elles devaient être disposées en tas de charge, peut-être liées par un mortier ou à l’aide de crochets comme le suggère l’ab-sence d’orifices de fixation. Ces caractéristiques évo­quent une toiture à faible pente.

Le mobilier métallique, rare et mal conservé, comporte en revanche une pièce probablement inédite en Limousin : un élément de luminaire en fer, lampe à huile (ca!ei!h) connue en de rares exemplaires dans la moitié sud de la France médiévale. Du fait de sa rareté, cet objet, dont l’identification n’est toutefois pour l’ins-tant qu’une hypothèse, mériterait certainement un dégagement conservatoire pour une étude plus approfondie.

L’identification du bâtiment et sa fonction (maison, annexe agricole ou artisanale ?) restent, au terme du sondage, non définitives ; seule une fouille de plus grande ampleur, surtout à considérer l’emprise pro­bable de l’édifice qui semble plutôt importante, serait à même d’apporter les informations utiles. Seul indice, pour peu qu’il soit confirmé, la présence d’un élément de luminaire d’un type rare plaide en faveur d’un habitat.

Quoi qu’il en soit, la découverte d’un bâtiment inconnu dans cette partie du site renforce le constat d’une occupation médiévale importante « hors les murs » des deux ensembles castraux situés en contre-haut de la zone étudiée. Elle renforce désormais l’hypo-thèse d’un habitat établi au débouché du franchisse­ment de la Briance découvert en 2003.

La proposition qui consisterait à voir dans les vestiges de ce bâtiment (ainsi que dans celui de l’actuelle mai­son d’accueil) les vestiges de constructions apparte­nant à l’un des faubourgs mentionnés par les documents d’archives - malheureusement sans les situer - nous paraît aujourd’hui recevable comme hypothèse de travail.