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Les Cars - Le château

1994

Moyen Age et Renaissance

Patrice CONTE, Michel DESGRANGES et Christian REMY

 

Le château des Cars, situé à 25 km au S.0. de Limoges, est le château lignager des comtes (XVIe s.) de Pérusse des Cars. Si la seigneurie semble se former vers la fin du XIIe s. ou le début du XIIIe s., les constructions visibles ne remontent pas, cependant, au-delà de la fin du XVe s. Le château est profondément démantelé à partir de 1793.

La campagne de fouille 1994 se place dans une perspective plus globale d'étude et de mise en valeur du monument (étude des sources, du bâti, du mobilier archéologique...). La fouille de sauvetage avait pour objectif de reconnaître et de documenter le châtelet d'entrée pour armes à feu (XVIe - début XVIIe s.). L'espace fouillé a porté sur deux secteurs nettement séparés par des bâtiments modernes : l'un au fond de l'ancien fossé (aujourd'hui sous-sol d'un immeuble), l'autre sur la table rocheuse portant le château.

Le châtelet, a priori homogène, s'est finalement révélé beaucoup plus complexe et ancien. La fouille permet de proposer cinq grandes phases de remaniement de ce secteur .

    • On a repéré une nouvelle portion de l'enceinte (1,40 m d'épaisseur) déjà mise en évidence en 1990 par J.-F. Boyer (voir : chronique, Archéologie Médiévale : T. XXI, 1991, p. 348). Cette structure, manifestement la première occupation maçonnée du site castrai, dont la courtine O. atteignait une trentaine de mètres de longueur (= 100 pieds), était percée en son milieu par une porte dont la fouille a retrouvé l'un des montants chanfreinés. Ses fondations apparaissent ménagées dans une cavée creusée dans le substrat.

    • Postérieurement, des structures ont été maçonnées en avant de la porte, renforçant sa défense. Pour l'essentiel, il s'agit de deux murets (0,70 m d'épaisseur) perpendiculaires à l'enceinte et encadrant l'accès à la porte .

    • Les travaux de 1990 avaient révélé la perturbation de la première enceinte en son angle N.O. lors de la création d'une vaste tour quadrangulaire (12,25 x 10,95 m). On a pu repérer clairement cette année l'angle S.O. d'un appendice appartenant à cette tour.

  • Dans le secteur du châtelet, une importante campagne de travaux se manifeste par la construction d'une nouvelle enceinte, réalisée en avant de l'ancienne courtine, alors arasée. Une porte élargie est aménagée en avant de la porte primitive.

  • Enfin, l'ultime modification du secteur a consisté en l'habillage de l'ancienne barbacane par un puissant châtelet aux murs épais de 2,50 m, flanqué en ses angles N.O. et S.O. par deux tourelles en amande équipées de couleuvrinières battant le fond du fossé. En revanche, les trois ouvertures de tir du mur O. du châtelet, auxquelles aucun accès n'a été identifié, apparaissent comme des leurres. En avant du châtelet, un pont dormant vient mourir à quelque 2,60 m d'écart, laissant l’espace vide à un pont-levis. Deux reliquats de maçonneries antérieures au châtelet ont été mises en évidence à l’intérieur de la tourelle N.O. et dans la fosse à pont-levis.

Le rare mobilier n'apporte pas d’éléments datant. Ainsi, si la chronologie relative des diverses maçonneries est à peu près claire, on n'a cependant pu mettre en rapport avec elles aucun des différents niveaux de sol mis au jour, la stratigraphie étant largement perturbée par les travaux de terrassement effectués ces dix dernières années. En particulier, un pavage formé de moellons irréguliers et usés peut être indifféremment attribués aux deux dernières campagnes voire à une phase ultérieure.

Si l'évolution monumentale du château est désormais appréhendée avec quelque certitude à partir du XVIe s., les diverses structures médiévales, dont la fouille a attesté la présence et la multiplicité, restent à dater avec plus précision.

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Aix - Le Grancher

1994

Moyen Age

Patrice CONTE

 

En 1992, dans le cadre d'une opération de prospection thématique («villages désertés en Montagne Limousine») le site du Grancher avait fait l'objet d'un sondage. Les résultats acquis lors de cette opération ( Bilan scientifique 1992, p. 17-18) ont permis, en 1994, d'engager une fouille dans le cadre d'un programme tri-annuel (nous renvoyons au document mentionné précédemment pour la description du site et les éléments de la problématique de recherche). Les travaux de 1994 ont concerné deux secteurs (unités I et III) ainsi que le relevé topographique du site en courbes de niveaux.

L'unité I avait été reconnue en 1992 par la fouille de l'une des nombreuses cellules (7 ?) formant cet ensemble. En 1994, l'extension de la fouille a porté sur les deux tiers de la surface bâtie, soit un secteur d'une trentaine de mètres de long sur dix de large. Ce que l'on avait perçu initialement comme un vaste bâtiment rectangulaire s'avère, pour l'essentiel, correspondre à une agglomération de bâtiments jointifs de forme, taille, chronologie et fort probablement de fonctions différentes.

On peut, sous réserve de la fouille exhaustive du secteur, discerner plusieurs états chronologiques. L'état I est défini par plusieurs structures excavées (4 silos et fosses) en partie fossilisées par les constructions postérieures. Dans l'état actuel il n'a pas été reconnu de maçonneries associées à cet état. L'état II correspond à la construction et l'utilisation de l'ensemble bâti. Pour l'instant on peut distinguer le schéma d'évolution suivant :

  • un bâtiment de plan trapézoïdal (10 x 9 x 4 x 3 m) constitue la première construction du secteur. Une ouverture équipée d'une base de piédroit chanfreiné s'ouvre vers le nord. La moitié fouillée en 1994 a livré plusieurs autres éléments architecturaux : blocs de granite taillés d'un chaînage d'angle, claveau appartenant au linteau d'une porte. De nombreux petits trous de piquets (?) équipent le sol de cette construction ;

  • à l'est, et en contact, de cet édifice, un long mur : (13 m) forme l'ossature de plusieurs constructions aménagées de part et d'autre. Quatre pièces de dimensions variables constituent ainsi un ensemble bâti de plan quadrangulaire d'une centaine de mètres carrés de superficie. Chacune des pièces semble avoir été ajoutée en fonction de nouveaux besoins.

La stratigraphie témoigne des deux principaux états : pour le premier, seules sont conservées les couches contenues dans les structures excavées, aucun niveau de sol de surface ne peut encore leur être associé. Pour l'état Il, plusieurs types d'aménagements sont identifiables : la cellule la plus orientale, par exemple, possède un sol aménagé directement sur le rocher, vaguement régularisé après extraction de blocs utilisés dans la construction. A l'ouest, en revanche, des sols de terre forment les couches d'occupation, généralement peu riches en mobilier archéologique. On notera cependant l'apparition de formes originales dans le corpus habituel de la céramique médiévale régionale : marmites à très large marli, bases de vases tournés en pâte grise, ainsi que plusieurs fragments de gobelets en verre à décor moulé. La présence de couches d'incendies incorporant pièces de bois carbonisées et blocs de terre crue est également attestée dans plusieurs secteurs.

Le deuxième secteur étudié en 1994 se présente initialement comme un tertre en périphérie sud-ouest de l'aire d'habitat. La fouille a révélé, dans ce secteur, les ruines d'une construction circulaire que l'on identifie comme étant un four à usage domestique. La construction de 5 m. de diamètre est formée d'un mur «d'enceinte» d'un mètre de large, support de la voûte conservée sur 0,50 m de haut. La fouille de l'espace interne (2,60 à 2,80 m de diamètre) a permis de mettre au jour la sole du four, formée d'un dallage de pierres plates conservé sur environ la moitié de la surface. La fouille partielle de l'espace extérieur situé au bas de ce que l'on identifie comme «la gueule» du four a livré une importante couche de cendres, vestiges de l'utilisation de la structure. Ce monument présente de nombreuses similitudes avec le four étudié précédemment sur le site du «Bois-des-Brigands» à Valiergues, fouillé entre 1986 et 1991.

L'une des interrogations initiales, à savoir le type d'habitat auquel l'on doit rattacher le site du Grancher, reste d'actualité. Ce qui pourrait être identifié comme les restes d'un simple hameau paysan du Bas Moyen Age ou du début de l'Epoque Moderne livre pourtant des indices qui laissent supposer un autre type d'habitat qu'évoque par ailleurs la mention de «Repaire du Grandcher» de 1510 (voir notice 1992).

S'il est encore trop tôt pour affirmer ou infirmer l'hypothèse d'un habitat correspondant à une résidence de la petite noblesse rurale, certaines découvertes architecturales (piédroits taillés et chanfreinés) ou mobilières (verrerie) doivent être retenues comme des témoins allant dans ce sens.

Enfin, deux datations 14 C apportent quelques précisions chronologiques que confirme par ailleurs l'étude du mobilier en situant entre la fin du Xe et le milieu du XIIe s. les structures de l'état I et le milieu du XIIIe s. et la fin du XIVe s. la date de l'incendie de l'unité I (Etat II).

Four

Vue dominante du four.

 

 

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